Ma démarche artistique
Dans l’exercice de ma profession d’architecte-urbaniste (jusqu’en 2009) je me suis préoccupé des structures des bâtiments, des villes et des paysages. Dès la fin des années 1960 je me suis intéressé aux structures autotendantes qui sont devenues sculptures.
Dans les structures autotendantes, mobiles ou non, les éléments rigides ne se touchent pas et sont simplement reliés par des liens en tension.
Ces structures n’existent pas dans la nature. Le sculpteur américain Kenneth SNELSON réalise également des sculptures de ce type exposées au MOMA de New York, vues également à Monaco vers 2000. Elles nécessitent d’être pensées globalement car les éléments sont interdépendants.
Confronté à la tradition africaine au milieu des années 1970, je me suis interrogé sur la complémentarité entre la logique occidentale et la « pensée globale » (tout est dans tout) des sages de là-bas. La pratique du découpage en causes et effets successifs parait donner quelques bribes de compréhension du monde, mais ne parvient plus à expliquer ni prévoir lorsque les chaines causales sont complexes. En 1972 le météorologue Edward Lorenz a illustré cette question par «l’effet papillon». La pensée globale a toute sa légitimité à coté de notre logique cartésienne.
Les structures autotendantes sont une belle illustration d’union de ces modes de pensée puisqu’elles nécessitent d’être conçues globalement ET doivent répondre à des logiques de mécanique statique. Bien que mes sculptures ne soient pas toutes autotendantes, les liens, les tensions, les fragilités, les équilibres, les rapports dans l’espace y sont essentiels. Parfois s’y ajoute la mobilité de tout ou partie des éléments constitutifs.
Les matériaux assemblés sont divers : pierre (c’est bien de la pierre de schiste qu’on voit ci-dessus), bois, métal, câbles, chaînes … l’usage d’aimants peut aussi être intéressant. Toutes les pièces ne sont pas strictement «autotendantes», mais elles jouent toutes sur des équilibres et des tensions.
Outre l’aspect spatial le rapport entre le dedans et le dehors est également exploré. Montrer le dedans, éclater puis rétablir une entité incontestable est aussi une voie de recherche, avec cette question subsidiaire : où commence le dedans, si on peut le voir est-il toujours le dedans ?
Cette sculpture a été réalisée avec une traverse de chemin de fer ouverte en 4 parties ré-assemblées face à face à l’aide de chaînes; elle combine un travail de structure (les parties rigides ne sont pas en contact direct) et de dedans-dehors (l’intérieur de la traverse est devenu visible).
J’ai réalisé des pièces de tailles très différentes
dont deux monumentales :
-une sculpture en acier à INGOLSTADT –Allemagne (Féo, 1992, hauteur 15,30m) ;
-une installation flottante en tronçons de bambou, aluminium et câbles d’acier sur le lac du parc Phoenix à NICE (Bambous Ailés, 1995, hauteur 13,00m).